Grève : Quelles responsabilités pour les acteurs ?

Les acteurs de la grève engagent leur responsabilité pénale en commettant certains actes prohibés. C’est notamment le cas  de :

 

La séquestration : Le fait de contraindre son employeur de rester dans les locaux de l’entreprise est une infraction pénalement sanctionnée (Cass. Crim 23 décembre 1986 n°85-96630). Les auteurs de séquestration risquent 20 ans de réclusion criminelle – (art. 224-1 alinéa 1 du Code pénal)

A noter que : Pour une séquestration inférieure à 7 jours, la peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende – (art. 224-1 alinéa 3 Code pénal).

 

Le délit d’entrave : Le fait de porter une atteinte à l’exercice de la liberté de travail est passible d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (art. 431-1 alinéa 1 du Code pénal).

Afin de prouver l’entrave, deux éléments matériels sont nécessaires :

  • Une cessation concertée du travail ;
  • L’Existence de menaces.

L’élément intentionnel des auteurs doit être assimilé à l’intention d’entraver à une liberté.

Il est également répréhensible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende (art 341-1 alinéa 2 du Code pénal) :

  • La violence ayant pour finalité l’atteinte physique des personnes ;
  • L’entrave concertée à l’aide de coups ;
  • Les voies de fait se caractérisant par l’intimidation des salariés non-grévistes ;
  • Les destructions ou dégradations concernant les biens appartenant à l’employeur -cela est répréhensible de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende (art. 322-1 Code pénal)

 

Par ailleurs, les acteurs de la grève engagent leur responsabilité civile.

 

 

  • Salariés grévistes : La responsabilité civile du salarié peut être engagée individuellement pour des actes fautifs commis vis-à-vis de l’employeur. La faute lourde doit être alors prouvée, autrement dit, l’intention de nuire du salarié gréviste.

 

En matière de responsabilité civile, le Tribunal de grande instance est compétent.

 

A savoir : Il convient à l’employeur ou au salarié non-gréviste de prouver une faute personnelle du gréviste n’étant pas affecté à l’exercice normal du droit de grève. (Cass. Soc 8 décembre 1983 n°81-14238).

La faute professionnelle doit provoquer un dommage distinct de la grève, un lien de causalité direct doit être prouvé – (Cass. Soc 30 mai 1989 n°86-16765).

Le Conseil de prud’hommes est compétent pour trancher le litige entre l’employeur et le salarié gréviste.

De quelle manière l’employeur peut-il faire face à la grève ?

L’employeur peut prendre la décision de fermer l’entreprise ou encore fermer un service cela se nomme le lock-out.

L’employeur a recours à cela, lorsqu’une contrainte empêche la poursuite de l’activité normale de l’entreprise – (Cass. Soc 25 février 1988 n°85-46371).

Afin de recourir au lock-out l’employeur doit prouver la force contraignante de la grève pour s’exonérer de son obligation de fournir du travail aux salariés non-grévistes – (Cass. Soc 7 février 1990 n°87-43566).

La force contraignante peut découler d’un impératif d’ordre et de sécurité.

Exemple : Lorsque la grève fait naître un risque pour la santé et la sécurité des salariés non-grévistes ou pour la sécurité des usagers du service – (Cass. Soc 7 novembre 1990 n°89-44264).

Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’une grève abusive ou d’un mouvement illicite l’employeur peut légitimer le lock-out et mettre en avant le principe d’exception d’inexécution.

Enfin, la jurisprudence a indiqué que la reprise du travail par les grévistes dans des caractéristiques anormales peuvent justifier un lock-out – (Cass. Soc 26 mars 2014 n°12-26.606).

Quand peut survenir le lock-out ?

Le lock-out doit intervenir lorsqu’une force contraignante émerge, cette dernière doit être démontrée. En l’absence de force contraignante le lock-out peut être jugé comme étant anticipé.

Ainsi, l’employeur ne peut pas établir un lock-out préventif, il ne peut pas l’instaurer lors du déclenchement de la grève car cela porte atteinte au droit de grève. La Cour de cassation sanctionne le lock-out établi avant la grève car il s’agit d’un moyen de rétorsion à l’égard du droit de grève des salariés.

Quelles sont les conséquences du lock-out ?

Le lock-out provoque la suspension de l’ensemble des contrats de travail, mais cela touche principalement les contrats de travail des non-grévistes.

A noter que : La suspension du contrat de travail constitue une faute contractuelle de l’employeur lorsque le lock-out est infondé.

La suspension du contrat de travail régulière ou non, provoque la suspension de la rémunération des salariés. Néanmoins la faute de l’employeur étant la conséquence d’un lock-out illégitime entraîne la réparation émanant de l’employeur du préjudice subi par les salariés. L’employeur est contraint au versement d’une indemnité compensatrice des salaires non payés.

Ainsi, la fermeture de l’entreprise est illicite et constitue une entrave à l’exercice du droit de grève pouvant justifier le versement des dommages-intérêts aux salariés, lorsque aucune situation d’insécurité ni aucune atteinte aux personnes n’a été démontrée ou ni une voie de fait n’est constituée – (Cass. Soc 17 décembre 2013 n°12-23.006).

 

Fascicule mis à jour le 26 octobre 2018.

Tous droits réservés.

-

ATTENTION ! Cet article est un extrait.

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité du contenu.

Ces offres peuvent vous intéresser

Maitre Data

Abonnez-vous !

Manuel Social

Trouvez la réponse à toutes vos questions en Droit Social

Offre spéciale
Le Manuel Social
Abonnez-vous !

Actualité

  • Discrimination / Preuve

    La Cour d'appel qui retient que le salarié ne fait mention d'aucune mesure discriminatoire dont il aurait été victime, alors qu'elle avait constaté que le salarié avait écrit à son employeur pour se plaindre de propos racistes à son...

    Jurisprudence29 novembre 2024

  • Délai de prescription / Interruption / Procédure

    La demande en justice, même en référé, interrompt le délai de prescription ainsi que le délai de forclusion. L'interruption est non avenue si le demandeur se désiste de sa demande ou laisse périmer l'instance, ou si sa demande est...

    Jurisprudence29 novembre 2024

  • Les rubriques Aide à domicile, Allègements généraux, Assiette générale, Avantages en nature, Effectif, Exonérations zonées, Protection sociale complémentaire ont été mises à jour.

    BOSS actualité29 novembre 2024

    Mise à jour de différentes rubriques au 1er décembre 2024  Mise à jour du 29/11/2024 Aide à domicile Paragraphe 280: Correction rédactionnelle de l'exemple. Paragraphes 440et 450: Corrections visant à actualiser un coefficient et une référence annuelle au 1er janvier 2024. Allègements généraux Paragraphe 210: Le paragraphe est complété en vue de préciser qu'il est possible de cumuler la réduction générale avec la déduction forfaitaire sur les cotisations patronales dues au titre des heures supplémentaires applicable dans les entreprises de 20 à moins de 250salariés. Cette mention est déjà indiquée dans la rubrique relative aux Heures supplémentaires et complémentaires (voir la section 2du chapitre 2). Paragraphes 1030 et 1070: Clarifications rédactionnelles. Paragraphe 1070: Correction du résultat d'un calcul présent dans un exemple. Paragraphe1330: L'exemple est corrigé pour prendre en compte la revalorisation au 1er janvier 2024 Paragraphe 1340: Remplacement des mentions «Pôle Emploi» par «France Travail». Paragraphe 2070: Correction de l'exemple conformément au commentaire de ce même paragraphe. Assiette générale Paragraphe 411: Correction d'un oubli de mise à jour au 1er janvier 2024. Paragraphe 720: Mise à jour d'un texte de référence. Paragraphe 800: Correction d'une formule de calcul (déplacement de deux parenthèses) Avantages en nature Paragraphes 130et 170: Ajout de remarques mentionnant les tolérances applicables en matière d'avantages de repas (titres-restaurant, subvention de l'employeur ou du CSE finançant le restaurant d'entreprise) pour les stagiaires. Paragraphe 815: Correction d'une coquille. Effectif Chapitre 4 : Un nouvel encadré rappelle les règles de neutralisation des effets de seuil pour les entreprises ayant franchi un seuil à compter de 2020 conformément à la loi n°2019-486 du 22 mai 2019, dite PACTE. Exonérations zonées Paragraphe 1510: Correction d'un oubli de mise à jour au 1er janvier 2024.Exonérations heures supplémentaires et complémentaires. Paragraphe 310: Correction d'une coquille dans la formule de calcul présente dans l'exemple (déplacement de parenthèses). Protection sociale complémentaire Paragraphes 270 et 1070: Correction de coquilles rédactionnelles.Régime social applicable aux rémunérations des stagiaires Paragraphes 80 et 140 : Clarification des tolérances applicables en matière d'avantage de repas (titres-restaurant, subvention de l'employeur ou du CSE finançant le restaurant d'entreprise) pour les stagiaires.

  • Journal Officiel27 novembre 2024

    32 Décret n° 2024-1065 du 26 novembre 2024 relatif aux valeurs de référence pour l'évaluation prévue à l'article 5 de la directive (UE) 2022/2041 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relative à des salaires minimaux adéquats dans l'Union européenne

  • Attribution de chèque vacances

    Paye24 novembre 2024

Recherche

Recevoir la newsletter

Gérer vos Cookies

Nous utilisons les cookies sur notre site.

Ces cookies permettent de mesurer le trafic du site et de personnaliser votre expérience

Accepter Continuer sans accepter

Voir la politique de confidentialité