La notion d’accident de trajet : interruption de trajet et détour, lieu de repas

La présomption d’imputabilité de l’accident de trajet

Par principe, l’accident intervenant entre le lieu de travail du salarié et sa résidence ou entre son lieu de travail et le lieu de repas bénéficie d’une présomption d’imputabilité.

Cet accident sera donc par principe considéré comme un accident de trajet, sauf à ce que l’employeur (ou l’assureur) parvienne à établir qu’il s’agissait d’un déplacement pour un motif personnel.

Le principe d’un trajet le plus direct possible

Dans le cadre de l’accident de trajet, le principe est que le trajet entre le domicile et le lieu de travail doit être le plus direct possible – (L.411-2 du Code de la sécurité sociale).

Selon la jurisprudence, sera considéré comme un trajet « normal », un trajet plus long qu’habituellement, dans la mesure où le salarié a voulu éviter des travaux ou des embouteillages par exemple.

En effet, un temps de trajet considéré comme « normal » tiendra compte des horaires de travail du salarié ou des horaires d’ouverture de l’entreprise, de la longueur du trajet, du moyen de transport utilisé et des éventuelles difficultés de trajet rencontrées.

Ce principe connaît néanmoins des exceptions.

 

L’interruption et le détour de trajet

Néanmoins, certains détours et interruptions de trajet pourront être acceptés et ne feront pas obstacles à l’application pour le salarié victime du régime de l’accident de trajet. Il peut s’agir notamment :

  • Des interruptions de trajet ou des détours compte tenu de nécessités essentielles de la vie courante. Pour illustration, il peut s’agir de déposer un enfant à l’école, de faire une course de la vie courante, de se rendre à une consultation chez le médecin, d’acheter du pain, ou encore de déposer un courrier à la poste.
  • Des interruptions de trajet ou des détours liés au travail. Cela peut être par exemple un déplacement pour aller à un rendez-vous professionnel – (L.411-2 du Code de la sécurité sociale).

En revanche, s’il s’agit tout simplement d’un déplacement professionnel du salarié, alors l’accident sera considéré comme étant un accident du travail.

La preuve de l’accident de trajet

Pour qualifier un accident d’accident de trajet, le salarié doit le prouver. Pour ce faire, il doit établir :

  • Un lien de subordination entre lui et son employeur au moment de l’accident,
  • Des lésions corporelles ou psychiques,
  • Ainsi qu’une date précise d’accident.

En pratique, la situation sera donc plus délicate pour le salarié lorsque l’accident intervient en dehors des horaires de travail. Le salarié devra justifier du lien entre ledit trajet et son activité professionnelle. D’ailleurs, dans ce cas, des témoignages pourront aider à clarifier la situation dans un sens ou dans un autre.

En cas de désaccord entre l’employeur et le salarié sur l’existence ou non d’un accident de trajet, la question sera tranchée par la CPAM. Elle dispose de trois mois pour rendre sa décision. Sa décision pourra faire l’objet d’une contestation si cela semble nécessaire.

 

Lieu de travail et lieu de repas et résidence principale ou secondaire

 

La notion d’accident de trajet

L’accident de trajet se définit comme un évènement soudain et imprévu qui cause à la victime un dommage corporel, et qui se produit entre la résidence du salarié et son lieu de travail, ou entre son lieu de travail et son lieu de restauration où le salarié se rend pour sa pause repas.

Pour être éventuellement qualifié d’accident de trajet, ledit trajet doit être réalisé sur une plage horaire en lien avec les horaires de travail du salarié, en tenant compte de la longueur de son trajet et des moyens de transport utilisés. De cette manière, un accident de trajet qui interviendrait plusieurs heures après ou avant le travail ne sera pas pris en charge au titre des accidents de trajet.

Néanmoins, dans certains cas, cet accident, même éloigné des horaires de travail habituels, pourra être considéré comme étant un accident de trajet. C’est le cas par exemple d’un pot qui serait organisé dans l’entreprise, avec l’accord de l’employeur, et ce après les heures de travail.

L’accident de trajet est soumis à un régime juridique qui lui est bien spécifique. En effet, il ne s’agit pas d’un accident du travail.

L’accident de trajet devra faire l’objet d’une déclaration dans un délai de 24 heures par le salarié auprès de l’employeur.

 

La résidence du salarié dans le cadre de l’accident de trajet

La résidence du salarié s’entend le plus souvent comme étant son habitation principale. Néanmoins, en pratique, il peut également s’agir de la résidence secondaire du salarié, dans la mesure où il y effectue des séjours fréquents et réguliers.

Dans le cadre de l’accident de trajet, la résidence du salarié peut également s’entendre d’un tout autre lieu où le salarié se rend de manière habituelle pour des motifs d’ordre familial ou d’agrément.

Pour qu’il y ait qualification juridique d’un accident de trajet, il faut obligatoirement que le salarié ait commencé son trajet. Il doit donc avoir quitté sa résidence. Si l’accident se produit au sein de sa résidence, alors il ne pourra en aucun cas s’agir d’un accident de trajet.

 

La notion de lieu de travail

Le lieu de travail du salarié désigne les locaux au sein desquels le salarié exécute son contrat de travail. Cela comprend également les dépendances de l’entreprise, ainsi que les parkings ou les voies d’accès privées qui appartiennent à l’entreprise.

Le lieu de travail correspond donc aux endroits où l’autorité de l’employeur va pouvoir s’exercer.

Le lieu de repas dans le cadre de l’accident de trajet

En matière d’accident de trajet, le lieu de repas pourra correspondre au restaurant ou à la cantine de l’entreprise.

A défaut de cantine ou de restaurant d’entreprise, le lieu de repas sera considéré comme étant le lieu où le salarié prend habituellement ses repas. Il s’agit d’un lieu où la consommation sur place est autorisée.

Selon la jurisprudence, l’accident qui survient alors que le salarié effectuait un trajet pendant sa pause de midi, pour aller acheter son repas avec des tickets restaurant de l’entreprise, sera considéré comme un accident de trajet.

 

Me Mélanie Le Corre

par
Avocat au Barreau de Paris
Expert en droit du travail
MLC Avocat

Fascicule mis à jour le 26 août 2024.

Tous droits réservés.

-

ATTENTION ! Cet article est un extrait.

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité du contenu.

Ces offres peuvent vous intéresser

Maitre Data

Abonnez-vous !

Manuel Social

Trouvez la réponse à toutes vos questions en Droit Social

Offre spéciale
Le Manuel Social
Abonnez-vous !

Actualité

  • Journal Officiel22 janvier 2025

    1 LOI n° 2025-56 du 21 janvier 2025 visant à prolonger la dérogation d'usage des titres restaurant pour tout produit alimentaire (1)

  • Voiture de fonction et frais de carburant

    Paye21 janvier 2025

  • Les contenus du chapitre 4 «Frais de transport domicile / lieu de travail» de la rubrique relative aux remboursements de frais professionnels ont été mis à jour au 1er janvier 2025.

    BOSS actualité21 janvier 2025

    Mise à jour au 1er janvier 2025des données paramétriques du chapitre 4 de la rubrique Remboursements de frais professionnels Mise à jour du 21/01/2025 Les dispositions temporaires prévues initialement par la loi n°2022-1157de finances rectificative pour 2022, relevant les plafonds de l'exclusion de l'assiette sociale applicable à la prime transport et au forfait mobilités durables et allégeant certaines conditions d'éligibilité aux exclusions, ont pris fin le 31décembre 2024. Ces contenus ont été supprimés. Ils restent visibles sur le BOSS dans les versions de la rubrique en vigueur avant 2025. La mise à jour a également pour vocation à prendre en compte les modifications apportées au 19ter b de l'article 81du code général des impôts, prévues par l'article 7 de la loi n°2023-1322du 29 décembre 2023 de finances pour 2024. Le plafond de la prime de transport est fixé de manière pérenne à 600euros par an, dans la limite de 300euros pour les frais de carburant. Concernant le forfait mobilités durables, son plafond est fixé à 600euros et, en cas de cumul avec la prise en charge obligatoire du coût des titres d'abonnement de transports publics de voyageurs ou de service public de location de vélo, ce plafond est relevé à 900euros par an. Ces évolutions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2025. Enfin, au chapitre 10 de cette même rubrique, le tableau récapitulatif dédié à ces dispositions a été actualisé. Quelques clarifications rédactionnelles ont été apportées notamment aux paragraphes 910, 1200, 1210 et au chapitre 10.

  • Prise en compte de l'avantage en nature du véhicule de fonction

    Paye20 janvier 2025

  • Journal Officiel20 janvier 2025

    7 Arrêté du 16 janvier 2025 portant agrément de l'accord collectif du 14 novembre 2024 sur la mise en place d'un régime de participation facultatif pour les entreprises de moins de 50 salariés au sein de la branche de l'industrie pharmaceutique

Recherche

Recevoir la newsletter

Gérer vos Cookies

Nous utilisons les cookies sur notre site.

Ces cookies permettent de mesurer le trafic du site et de personnaliser votre expérience

Accepter Continuer sans accepter

Voir la politique de confidentialité