Accord de performance collective : régime juridique

Conditions de conclusion de l’APC 

L’accord de performance collective – (APC) peut être conclu avec les délégués syndicaux, suivant la règle de l’accord majoritaire.

Dans les entreprises dépourvues de délégués syndicaux, il peut être conclu avec élus ou salariés mandatés. Il peut également être mis en place par référendum d’entreprise, dans les entreprises de moins de 20 salariés dépourvues de représentants du personnel.

L’APC peut aménager notamment la durée du travail, ses modalités d’organisation et de répartition, la rémunération dans le respect des salaires minima hiérarchiques fixés le cas échéant pas la branche, ou encore déterminer les conditions de la mobilité professionnelle ou géographique interne à l’entreprise.

Le Code du travail laisse le champ libre aux partenaires sociaux en ne fixant pas de clauses obligatoires conditionnant la validité de l’accord, si ce n’est la nécessité de définir les objectifs de l’accord dans son préambule. Ainsi, l’APC peut préciser les modalités d’information des salariés sur son application et son suivi pendant toute sa durée, les modalités selon lesquelles sont conciliées la vie professionnelle et la vie personnelle et familiale des salariés ou encore les modalités d’accompagnement des salariés et l’abondement du compte personnel de formation au-delà du minimum légal de 100 heures.

Bien que le Code du travail ne le prévoie pas, il semble préférable de prévoir une date d’entrée en vigueur des nouvelles stipulations de l’accord permettant de tenir compte du délai d’un mois laissé aux salariés pour accepter ou refuser l’application de l’accord. A défaut, au regard de la rédaction de l’article L.2254-2 du Code du travail, il y aurait application immédiate des dispositions de l’accord, après son dépôt.

Comme tout accord collectif, l’APC peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée. A défaut de stipulation sur la durée de l’accord, il est conclu pour 5 ans.

 

Conséquences du refus de l’APC

En cas de refus de la modification induite par l’accord, l’employeur peut engager une procédure de licenciement à l’encontre du salarié qui a refusé l’application de l’accord dans un délai de 2 mois à compter de la notification de ce refus.

Le licenciement reposera alors sur un motif spécifique qui constitue une cause réelle et sérieuse et l’employeur devra, à cet égard, respecter les règles procédurales applicables en matière de licenciement pour motif personnel : entretien préalable avec assistance du salarié, notification du licenciement, préavis, indemnité de licenciement, remise des documents de fin de contrat.

En complément, il devra abonder le compte personnel de formation du salarié à hauteur de 100 heures au minimum, étant précisé que l’accord peut prévoir une majoration de cet abondement minimal.

Le licenciement entraîne une prise en charge du salarié par Pôle emploi.

Bon à savoir : Le licenciement prononcé en application d’un accord de performance collective n’est pas exempt de toute contestation judiciaire. La Cour de cassation s’est en effet prononcée sur la validité de licenciements notifiés à la suite d’un refus d’application d’un ancien accord de mobilité interne, et juge que le conseil de prud’hommes doit contrôler deux points : il doit s’assurer que l’accord négocié est conforme aux dispositions du Code du travail qui le régissent, et conformément aux stipulations de l’article 4 de la Convention no 158 de l’OIT, que l’accord est justifié par les nécessités du fonctionnement de l’entreprise – (  Cass. soc., 2 déc. 2020, no 19-11.986). Cette solution nous apparaît transposable aux accords de performance collective.

 

 

Me Alassane Sy

par
Avocat au Barreau de Paris
Expert en droit du travail

Fascicule mis à jour le 26 janvier 2022.

Tous droits réservés.

-

ATTENTION ! Cet article est un extrait.

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité du contenu.

Ces offres peuvent vous intéresser

Maitre Data

Abonnez-vous !

Manuel Social

Trouvez la réponse à toutes vos questions en Droit Social

Offre spéciale
Le Manuel Social
Abonnez-vous !

Actualité

  • Transfert de marché / Salarié protégé / Délai

    Un salarié protégé est transféré lors d'un transfert de marché. Le salarié remplit les conditions de transfert et l'Inspecteur du travail autorise le transfert. Le retard pris par l'entreprise sortante dans la transmission des documents...

    Jurisprudence21 mars 2025

  • Forfait en jours / Charge de travail / Préjudice

    Un salarié en forfait jours réclame l'annulation de la convention de forfait au motif que l'employeur n'établissait pas avoir respecté les dispositions légales et conventionnelles relatives au suivi de la charge de travail du salarié.

    Le...

    Jurisprudence21 mars 2025

  • Harcèlement moral / Congé payé / Avertissement injustifié

    Un avertissement injustifié et l'absence de sollicitation de la salariée quant à la fixation de ses congés peuvent être le fait de harcèlement moral.

    Jurisprudence21 mars 2025

  • Journal Officiel17 mars 2025

    9 Arrêté du 3 mars 2025 modifiant l'arrêté du 16 octobre 2017 fixant le modèle d'avis d'aptitude, d'avis d'inaptitude, d'attestation de suivi individuel de l'état de santé et de proposition de mesures d'aménagement de poste

  • Journal Officiel17 mars 2025

    16 Arrêté du 12 mars 2025 relatif aux critères des recrutements opérés par les entreprises adaptées et par les entreprises adaptées de travail temporaire et susceptibles d'ouvrir droit aux aides financières de l'Etat

Recherche

Recevoir la newsletter

Gérer vos Cookies

Nous utilisons les cookies sur notre site.

Ces cookies permettent de mesurer le trafic du site et de personnaliser votre expérience

Accepter Continuer sans accepter

Voir la politique de confidentialité