Les effets de la dénonciation d’un accord collectif

La définition de la dénonciation d’un accord collectif

La dénonciation d’un accord collectif désigne une procédure par laquelle une ou des organisations d’employeurs ou une ou des organisations syndicales sollicite(nt) la disparition d’un accord ou d’une convention collective.

Il ne s’agit nullement d’en demander l’annulation, mais bien de le dénoncer, de manière à le rendre inapplicable. De même, la dénonciation doit être distinguée de la révision d’un accord qui elle correspond à une procédure visant à modifier certaines dispositions de l’accord.

 

Le dépôt de la déclaration de dénonciation et ses suites

Lorsque la déclaration de dénonciation est déposée, le préavis de dénonciation commence à courir. Celui-ci est de 3 mois, sauf éventuelle disposition contraire prévue dans ledit accord – (L.2261-9 du Code du travail).

Des négociations doivent obligatoirement être engagées afin de conclure un accord de substitution. Celles-ci peuvent d’ailleurs commencer dès le début du préavis de dénonciation, et un accord de substitution peut tout à fait être trouvé et entrer en vigueur avant l’expiration du délai de préavis suivant la dénonciation – (  Cass. Soc., 6 juin 2018, n°16-22.361).

Également, l’ensemble des organisations syndicales représentatives de l’entreprise doivent être convoquées en vue de la négociation.

S’agissant de la dénonciation de l’accord, deux cas doivent être distingués :

  • Soit la dénonciation émane de l’ensemble des signataires de l’accord :

Dans ce cas, l’accord en vigueur continue de produire ses effets, et ce jusqu’à l’entrée en vigueur de l’accord de substitution – (L.2261-10 du Code du travail).

Si malheureusement les négociations n’aboutissent pas et qu’aucun accord de substitution n’est trouvé, alors l’accord dénoncé demeure applicable pendant 1 an, et ce à compter de l’expiration du délai de préavis. Il s’agit de la période de survie. En pratique, l’accord reste ainsi applicable 15 mois (soit l’équivalent de 3 mois de préavis, avec en sus une année correspondant à la période de survie), sauf si l’accord prévoit une durée supérieure.

  • Soit la dénonciation émane d’une partie seulement des signataires de l’accord :

Dans ce cas, l’accord reste en vigueur entre les autres parties signataires – (L.2261-11 du Code du travail). Il demeure applicable à l’égard des auteurs de la dénonciation jusqu’à l’entrée en vigueur de l’accord de substitution.

Si aucun accord de substitution n’est trouvé, alors l’accord dénoncé demeure applicable pendant une année à compter de l’expiration du délai de préavis.

En tous les cas, lorsque l’accord dénoncé n’est pas remplacé par un nouvel accord dans le délai d’un 1 an à compter de l’expiration du préavis, l’employeur garantit à ses salariés une rémunération dont le montant annuel ne peut être inférieur à la rémunération versée lors des 12 derniers mois – (L.2261-13 du Code du travail).

 

La dénonciation partielle d’un accord collectif

Par principe, la dénonciation d’un accord doit être totale. Il n’est pas possible de cantonner la dénonciation d’un accord uniquement à certaines dispositions de celui-ci.

Néanmoins, la dénonciation d’un accord collectif peut être partielle si deux conditions sont réunies – (  Cass. Soc., 16 octobre 1974, n°73-11562) :

  • D’une part, l’ensemble des parties signataires de l’accord en cause doivent être d’accord pour dénoncer partiellement l’accord.
  • D’autre part, cette possibilité d’une dénonciation partielle doit être prévue dans l’accord concerné.

Le cas de la dénonciation irrégulière

Dans cette hypothèse, la déclaration de dénonciation est inopposable aux salariés. L’accord en vigueur continuera.

 

 

Me Mélanie Le Corre

par
Avocat au Barreau de Paris
Expert en droit du travail
MLC Avocat

Fascicule mis à jour le 4 juillet 2023.

Tous droits réservés.

-

ATTENTION ! Cet article est un extrait.

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité du contenu.

Ces offres peuvent vous intéresser

Maitre Data

Abonnez-vous !

Manuel Social

Trouvez la réponse à toutes vos questions en Droit Social

Offre spéciale
Le Manuel Social
Abonnez-vous !

Actualité

  • DSN – Temps partiel thérapeutiques en DSN pour le régime général : DSIJ TPT obligatoires en 2024

    Net Entreprise05 décembre 2023

    Afin d’assurer la bonne prise en compte des déclarations des TPT et le versement des indemnités journalières associées, les consignes déclaratives actuelles du TPT resteront applicables durant toute l’année 2024. […]

  • Journal Officiel04 décembre 2023

    5 Arrêté du 16 novembre 2023 habilitant les territoires pour mener l'expérimentation « territoires zéro chômeur de longue durée »

  • Le BOSS comprend désormais une nouvelle rubrique relative à l’exonération applicable aux jeunes entreprises innovantes et aux jeunes entreprises universitaires (JEI-JEU). Les informations apportées portent sur l’application de la législation

    BOSS actualité04 décembre 2023

    Publication de la rubrique relative à l’exonération applicable aux jeunes entreprises innovantes et aux jeunes entreprises universitaires (JEI-JEU) Communiqué du 04/12/2023 La rubrique comporte deux chapitres: Chapitre 1 – Champ d’application (employeurs éligibles, salariés éligibles et règles de non cumul) ; Chapitre 2 – Modalités d’application (nature des cotisations exonérées, calcul de l’exonération, modalités de calcul du nombre d’heures rémunérées pour la détermination du plafond mensuel de l’exonération, plafond annuel de l’exonération, durée d’application de l’exonération, obligation d’être à jour de ses obligations de déclaration et de paiement et avis de l’administration fiscale). Ce contenu fait l’objet d’une consultation publique. La date limite d’envoi des observations formulées dans le cadre de la phase de consultation est fixée le 20janvier 2024, date après laquelle la consultation publique sera close. Une version tenant compte, le cas échéant, de certaines observations pourra être publiée. Le cas échéant, cette version tiendra également compte des évolutions liées à l’examen actuellement en cours du projet de loi de finances pour 2024. Sous cette réserve, le contenu de cette rubrique sera opposable à l’administration à compter le 1er avril 2024. À cette date, les circulaires dont les dispositions sont reprises ou modifiées par le Bulletin officiel de la sécurité sociale seront abrogées. Consulter la rubrique

  • Résumé de la loi de novembre 2023 sur le partage de la valeur au sein de l'entreprise

    Abonnés01 décembre 2023

  • 35 ans d'évolutions des conditions de travail

    DARES Données01 décembre 2023

    Entrées et nombre de bénéficiaires d'un Contrat de sécurisation professionnelle (CSP)

Recherche

Recevoir la newsletter

Gérer vos Cookies

Nous utilisons les cookies sur notre site.

Ces cookies permettent de mesurer le trafic du site et de personnaliser votre expérience

Accepter Continuer sans accepter

Voir la politique de confidentialité