Jurisprudence à la loupe

Cass.soc.20 mars 2024, n°22-10.332

AGS / Décision de justice / Salaire

Il résulte de la combinaison des articles L.3253-8, L.3253-15 du code du travail et L.625-6 du code du commerce que l’AGS doit garantir les sommes dues au salarié portées sur le relevé complémentaire établi à la suite d’une décision de la juridiction prud’homale rendue après la clôture de la liquidation judiciaire.

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Cass.soc.20 mars 2024, n°22-17.043

Transfert / Contrat de travail / Juge

Dès lors qu’une juridiction administrative est saisie d’un recours en annulation contre la décision administrative d’autorisation du transfert du contrat de travail, il n’appartient plus au juge judiciaire de remettre en cause cette décision.

Peu importe que le recours administratif soit dépourvu d’effet suspensif, le juge judiciaire est en droit de retenir l’existence d’un trouble manifestement illicite résultant du refus de la société concernée de respecter cette décision.

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Cass.soc., 3 avril 2024, n°22-13.906

Sécurité sociale / Recours

Aux termes de l’article L.142-4 du code de la sécurité sociale, les recours contentieux formés en matière d’application des législations et réglementations de sécurité sociale et de mutualité sociale agricole sont précédés d’un recours préalable.

Dès lors qu’une caisse a qualifié de recours amiable le courrier adressé par le conseil de l’assuré, elle ne saurait reprocher à l’assuré de s’être fié au contenu de ce courrier. Ainsi, un recours contentieux précédé d’un recours amiable est recevable.

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Cass.soc. 20 mars 2024, n°22-18.249

Licenciement / Faute / Répétition

La Cour de cassation énonce qu’il est possible de prendre en considération des faits fautifs antérieures qui ont été reproduits pour justifier le degré de la sanction applicable, c’est-à-dire le licenciement.

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Cass.soc.20 mars 2024, n°22-13.129

Géolocalisation / Temps de travail / Contrôle

L’utilisation d’un système de géolocalisation reste illicite même si elle répond uniquement à une tournée de distribution, qu’elle n’est pas incompatible avec l’autonomie relative du distributeur et ne contrevient pas à la libre organisation du temps de travail du salarié. En effet, la Cour de cassation rappelle le principe selon lequel l’utilisation d’un système de géolocalisation, pour assurer le contrôle de la durée du travail, n’est licite que lorsque ce contrôle ne peut pas être fait par un autre moyen, fût-il moins efficace, et n’est pas justifié lorsque le salarié dispose d’une liberté dans l’organisation de son travail.

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Cass.soc., 3 avril 2024, n°22-13.085

Accident du travail / Taux d'incapacité / Rente

En cas d’accident survenu alors que l’exploitant agricole a déjà été antérieurement victime d’accidents du travail, il est nécessaire de vérifier si le taux d’incapacité permanente résultant du dernier accident ouvre droit à une rente. Si le droit à une rente est acquis, il faut procéder au calcul du taux utile en additionnant l’ensemble des taux d’incapacité permanente résultant des précédents accidents.

En l’espèce, le taux d’incapacité permanente attribué à la victime suite au dernier accident étant inférieur à 30 %, la victime n’a pas droit à une indemnisation sous forme de rente.

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Cass.soc., 3 avril, 2024, n°21-10.968

Mandat Social / Contrat de travail / Suspension

Il incombe à celui qui soutient que la nomination du salarié comme mandataire a suspendu son contrat de travail et qu’il n’y a pas cumul du contrat de travail et du mandat social postérieur d’en rapporter la preuve.

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Cass.Soc., 1 mars 2017, n°15-18.333

Ticket restaurant / Salaire

Le ticket-restaurant, qui constitue un avantage en nature payé par l'employeur entrant dans la rémunération du salarié, ne constitue pas une fourniture diverse au sens de l'article L. 3251-1 du code du travail ;

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Cass.soc. 3 avril 2024 n°23-10.931

Licenciement verbal / Entretien préalable / Procédure

L’employeur a tenté d’informer l’employé, un certain temps après l’entretien préalable, qu’il serait licencié en lui passant un appel téléphonique ; il a ensuite envoyé la notification.

C’est un licenciement verbal et donc sans motif valable et sérieux. Cet appel téléphonique ne pouvait pas remplacer la lettre de licenciement envoyée plus tard, même si elle avait été envoyée le même jour, signée par la personne qui avait passé l’appel téléphonique.

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Cass.soc. 20 mars 2024, n°22-19.153

Vie privée / Bulletin de paie / Information personnelle / Préjudice

La Cour de cassation souligne que, conformément à l’article 9 du Code civil, chaque individu a le droit à la protection de sa vie privée et que toute atteinte à ce droit donne lieu à réparation.

Elle conclut donc logiquement que la simple divulgation du bulletin de salaire d’un employé par son employeur à une tierce personne donne systématiquement lieu à une indemnisation pour l’employé.

Il n’est donc pas nécessaire de démontrer un dommage pour obtenir une réparation pour cette violation de la vie privée. Que l’employeur ait agi délibérément ou non n’a pas d’importance.

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Cass.soc. 20 mars 2024, n°22-19.170

Faute grave / Voiture de fonction / Disciplinaire

Pour la Haute juridiction, un licenciement disciplinaire est justifié uniquement s’il constitue un manquement du salarié à une obligation découlant du contrat de travail. Tel n’est pas le cas, si en dehors du temps de travail, mais lors d’un trajet domicile – travail, le salarié s’est masturbé dans son véhicule professionnel.

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Cass.soc. 3 avril 2024, n°22-10.261

Transfert / Contrat / Liquidation

Le transfert légal des contrats de travail s’opère de plein droit dès la date de résiliation du contrat de location-gérance prononcée par le liquidateur judiciaire, laquelle entraîne le retour du fonds dans le patrimoine de son propriétaire. Ainsi, ce dernier doit assumer toutes les obligations découlant du contrat de travail.

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Cass.soc. 3 avril 2024, n°22-15.784

Accord de méthode / Accord d’entreprise / Négociation obligatoire / Etablissement distinct / L.2242-1

Un accord de méthode, négocié et signé aux conditions de droit commun, peut définir, dans les entreprises comportant des établissements distincts, les niveaux auxquels la négociation obligatoire est conduite, même si ce niveau est inférieur à celui de l’entreprise.

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Cass.soc., 3 avril 2024, n°22-16.937

DUE / Durée déterminée / Information / Décision unilatérale

Un engagement unilatéral à durée déterminée cesse de produire effet au terme fixé sans que l'employeur soit tenu de procéder à l'information des salariés concernés et des représentants du personnel.

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Cass.soc., 27 mars 2024, n°22-15.662

Clause de non-concurrence / Date d'exigibilité

En cas de rupture du contrat de travail avec dispense d'exécution du préavis par le salarié, la date à partir de laquelle celui-ci est tenu de respecter l'obligation de non-concurrence, la date d'exigibilité de la contrepartie financière de la clause de non-concurrence et la date à compter de laquelle doit être déterminée la période de référence pour le calcul de cette indemnité sont celles du départ effectif de l'entreprise.

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Cass.soc., 20 mars 2024, n°23-13.876

Faute grave / Procédure / Délai

Aux termes des articles L.1234-1 et L.1234-5 du Code du travail, une faute grave est celle qui rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise, la mise en œuvre de la rupture du contrat doit intervenir dans un délai restreint après que l'employeur a eu connaissance des faits allégués dès lors qu'aucune vérification est nécessaire. 

Ayant constaté qu'aucune circonstance particulière ne justifiait le délai de 25 jours entre la révélation des faits et la convocation du salarié à l'entretien préalable, le délai entre la révélation des faits et la mise en œuvre de la procédure de licenciement enlevait tout caractère de gravité à la faute.

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Cass.soc., 27 mars 2024, n°22-22.835

Résiliation judiciaire / Retraite

Il résulte de la combinaison des articles 1124 du Code civil et L.1231-1 du Code du travail que lorsque, au moment où le Juge statue sur une action du salarié tendant à la résiliation judiciaire de son contrat de travail, le contrat de travail a pris fin par la mise à la retraite du salarié, sa demande de résiliation judiciaire devient sans objet. 

La demande de résiliation judiciaire du contrat de travail étant devenue sans objet, les demandes de paiement au titre d'indemnité de licenciement sans cause réelle et sérieuse, d'indemnité compensatrice de préavis, d'indemnité compensatrice de congés payés et d'indemnité de licenciement doivent être rejetées. Toutefois, le salarié a la faculté de demander la réparation du préjudice résultant des griefs qu'il invoquait à l'encontre de son employeur.

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Cass.soc., 3 avril 2024, n°22-16.812

CSE / Activités sociales et culturelles / Ancienneté

L'ouverture du droit, de l'ensemble des salariés et des stagiaires au sein de l'entreprise, à bénéficier des activités sociales et culturelles du CSE, ne saurait être subordonnée à une condition d'ancienneté.

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Cass.soc., 20 mars 2024, n°22-14.465

Liberté d'expression / Abus / Faute grave

Des propos dénigrants et déplacés mettant en cause l'honnêteté des dirigeants par un salarié, sans que le salarié en apporte la preuve, caractérise un abus de la liberté d'expression de ce dernier.

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Cass.soc., 20 mars 2024, n°22-15.857

Salarié protégé / Suppléant

Un salarié est désigné en qualité de membre suppléant de la commission régionale de conciliation par un syndicat.

Le salarié est licencié par son employeur sans demande d’autorisation administrative.

Bien que ne figurant pas dans la liste des salariés protégés de l’article L.2411-1 du Code du travail, le salarié est un salarié protégé en vertu de l’article L.2234-3 du Code du travail et de la convention collective applicable.

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Cass.soc., 20 mars 2024, n°22-23.929

CSE / Election / Invitation / Protocole

Un syndicat qui, sans émettre expressément de réserves, a soit participé à la signature du protocole d’accord préélectoral, soit présenté des candidats, ne peut se prévaloir du défaut d’invitation régulière à négocier ce protocole.

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Cass.soc., 20 mars 2024, n°22-20.880

Retraite / Préavis / Faute grave

Une entreprise instaure un régime collectif de retraite à prestation définie, soumis à la condition de présence dans l’entreprise lors de la liquidation des droits.

Un salarié en procédure de licenciement pour faute grave fait valoir ses droits à la retraite avant son licenciement.

Le contrat de travail ne prévoyant pas de préavis en cas de départ à la retraite, et la condition de présence dans l’entreprise étant respectée au moment de la demande, le salarié peut bénéficier du régime de retraite.

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Cass. soc., 13 mars 2024, n°22-13.012

Congé payé / Fermeture / Convention collective

Un employeur ferme son entreprise pendant une période par une décision unilatérale pour imposer des congés à ses salariés pendant la période de Noël.

La convention syntec, dont dépend l'entreprise, impose que cette fermeture ait lieu entre le 1er mai et le 31 octobre ou que les congés soient attribués par roulement.  

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Cass. soc., 13 mars 2024, n°22-22.032

Temps de travail / Bulletin de paie

Un salarié à temps partiel reproche à son employeur d'avoir modifié son temps de travail unilatéralement.

Sur son bulletin de paie, les heures de travail et les heures de repos rémunérées au même taux horaire sont indiquées séparément alors que précédemment seules les heures de travail étaient indiquées pour un nombre d'heures totales équivalent.

La durée contractuelle de travail, base de calcul de la rémunération, constitue un élément du contrat de travail qui ne pouvait être modifiée sans l'accord du salarié.

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Cass. soc., 20 mars 2024, n°22-17.292

Mise à pied / Consultation du CSE / Sanction

Un salarié est sanctionné par une mise à pied de 15 jours. La Cour de cassation juge que, bien que l'avis du CSE ait été demandé tardivement, une semaine avant l'entretien, il n'est pas prouvé que le salarié n'ait pas pu assurer sa défense utilement ou que ce manquement ait eu une influence sur la décision finale de sanctionner de l'employeur.

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